Depuis 2017, EPI-PHARE réalise le suivi annuel de l’évolution de l’utilisation de Truvada® ou génériques pour une prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS).
Les résultats actualisés montrent que le nombre total de personnes de 15 ans et plus ayant initié un traitement par Truvada® ou générique pour une PrEP en France atteignait plus de 32 000 au 30 juin 2020, soit une hausse de 57% par rapport au chiffre atteint fin juin 2019 (20 478 au 30 juin 2019 rapportés dans le précédent rapport). Les nouvelles données montrent que la dynamique d’augmentation d’utilisation de la PrEP rapportée en 2018-2019 s’est poursuivie et intensifiée jusqu’au début de l’année 2020 avec près de 9 000 nouveaux utilisateurs sur la période de début juillet 2019 à fin février 2020. Les caractéristiques socio-démographiques des initiateurs de PrEP n’ont quant à elles pas connu d’évolution notable au cours de la dernière année.
Les initiations de PrEP se sont toutefois effondrées aux mois de mars, avril et mai 2020 pendant la période du confinement national instauré pour faire face à la première vague de l’épidémie de Covid-19, avec une chute atteignant 50 à 80% par rapport aux mois de janvier et février 2020. Au décours du confinement, les initiations de PrEP ont repris, mais tout en restant à un niveau moindre qu’avant le début de l’épidémie.
La prescription de PrEP (en initiation et en renouvellement) par des prescripteurs exerçant en dehors de l’hôpital a nettement augmenté au cours de la dernière année. Toutefois, l’initiation et le renouvellement de la PrEP restent très majoritairement effectués à l’hôpital. La grande majorité des utilisateurs (80 à 90%) renouvellent leur traitement d’un semestre à l’autre, suggérant un bon niveau de maintien de la PrEP. Toutefois, au premier semestre 2020 le taux de maintien de la PrEP était en baisse par rapport à la période 2017-2019.
Conformément aux recommandations, l’initiation de la PrEP s’accompagne le plus souvent (dans 70% des cas) d’un contrôle de la fonction rénale. L’absence de contrôle de la fonction rénale à l’initiation a cependant fortement augmenté au 1er semestre 2020, potentiellement en lien avec l’engorgement des laboratoires d’analyses biologiques pendant l’épidémie de Covid-19. En revanche la part des initiateurs avec une co-prescription de médicaments néphrotoxiques a fortement baissé au 1er semestre 2020, ce qui pourrait refléter indirectement l’effondrement de l’utilisation des AINS pendant l’épidémie de Covid‑19 suite à une mise en garde précoce des autorités sanitaires françaises pour un risque potentiel d’aggravation du Covid-19.
En conclusion, ces chiffres actualisés mettent en évidence un infléchissement de la dynamique de diffusion de la PrEP en France au cours de la période la plus récente du fait de l’épidémie de Covid-19, l’impact de l’épidémie portant à la fois sur les initiations et les renouvellements du traitement. Avant la survenue de l’épidémie, le déploiement de la PrEP s’était poursuivi et intensifié parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, mais sans s’étendre aux autres catégories de population qui pourraient en bénéficier davantage. Les efforts doivent être poursuivis afin d’assurer la plus grande accessibilité à la PrEP pour toutes les populations concernées en France, en particulier dans le contexte actuel marquée par la poursuite de l’épidémie de Covid-19.
Retrouvez les données actualisées au 30 juin 2020 de l’utilisation de Truvada® ou génériques pour une prophylaxie pré‐exposition au VIH.