L’URGENCE D’AUJOURD’HUI : LE SIDA À LA CROISÉE DES CHEMINS
Rapport mondial actualisé 2024

Ce rapport montre que les dirigeants mondiaux peuvent tenir leur promesse de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030 et, ce faisant, éviter
des millions de décès liés au sida, prévenir des millions de nouvelles infections par le VIH et faire en sorte que les quelque 40 millions de personnes vivant avec le VIH aient une vie saine et bien remplie. Grâce à des études de cas percutantes et à de nouvelles données, le rapport montre comment certains pays sont déjà sur la bonne voie et comment tous les pays peuvent s’y engager.

Le rapport montre également qu’à l’heure actuelle, le monde n’est pas sur la bonne voie et que les inégalités qui alimentent la pandémie du VIH ne sont pas suffisamment prises en compte. Il montre qu’en raison de l’absence de progrès en matière de prévention, le nombre de nouvelles infections par le VIH ne diminue pas assez rapidement au niveau mondial et que dans trois régions du monde, le nombre de nouvelles infections par le VIH est en hausse. Il montre que près d’un quart des personnes vivant avec le VIH ne reçoivent pas de traitement essentiel à leur survie, et que, par conséquent, une personne meurt de causes liées au sida toutes les minutes.
Nous savons ce qui favorise la réussite. Les progrès contre le VIH ont été les plus importants dans les pays qui ont investi comme il se doit dans leur riposte et qui ont réformé leurs politiques pour permettre aux personnes d’accéder aux services dont elles ont besoin. Pour accélérer la fin du sida en tant que menace pour la santé publique et pour garantir que les services et les systèmes soient en place
pour répondre aux besoins des millions de personnes vivant avec le VIH pendant
les décennies à venir, les ressources doivent être à la fois suffisantes et pérennes.
La mise en place d’un environnement juridique facilitant l’accès à des services
efficaces, équitables et centrés sur la personne – notamment en supprimant les lois
pénalisantes et en s’attaquant à la discrimination – est essentielle pour faire avancer
et pérenniser les progrès en matière de prévention et de traitement.

Nous savons aussi ce qui fait obstacle au succès. Les progrès sont mis en péril
par l’effritement de la solidarité entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci. Lorsque
l’engagement politique en faveur du financement intégral et des droits de l’homme
est mis en péril, les progrès de la lutte contre le VIH le sont également.
Un déficit de financement croissant freine la riposte au VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire, la marge de manoeuvre budgétaire étant encore plus réduite
en raison de la crise de la dette. La récente montée en puissance des politiques
anti-droits, anti-genre et anti-démocratie suscite des craintes justifiées parmi les
personnes issues de communautés marginalisées qui ont le plus besoin de services
de prévention, de dépistage, de traitement et de soins du VIH, ainsi que parmi les
travailleurs héroïques de première ligne qui les fournissent.
Les progrès technologiques, en particulier dans le développement d’options de
traitement et de prévention à longue durée d’action, peuvent protéger la santé
de toutes les personnes vivant avec le VIH ou exposées au risque d’infection, mais
seulement si ces technologies sont partagées avec tous les pays à revenu faible et
intermédiaire et si elles sont produites à grande échelle par de multiples fabricants
dans le monde entier. Actuellement, les détenteurs de brevets n’ouvrent pas l’accès
suffisamment largement pour permettre cette percée.
La riposte au VIH est à la croisée des chemins. La fin du sida dans le monde dépend
de la voie empruntée par les dirigeants. La voie à suivre pour mettre fin au sida n’est
pas un mystère. Il s’agit d’un choix politique et financier.
Certains sont réticents à l’idée de fournir les ressources nécessaires pour mettre fin
au sida. Mais, comme le montre le rapport, le coût de la non atteinte de mettre fin
au sida serait exponentiellement plus élevé.
D’aucuns pourraient souhaiter se désengager de la lutte contre le VIH parce que
la fin est désormais à portée de main. Mais, comme l’indique ce rapport, nous ne
pouvons pas mettre fin partiellement à une pandémie. Les dirigeants ne peuvent
mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique qu’en le vainquant
partout, pour tous.
Certains laissent entendre que les investissements et les réformes visant à mettre fin
au sida empêcheraient de relever d’autres défis. Mais, comme le montre le rapport,
les actions nécessaires pour mettre fin au sida contribueront à faire progresser la
réalisation de tous les objectifs de développement durable, à faire en sorte que les
pays soient prêts à surmonter les pandémies de l’avenir et à garantir un monde plus
sûr et plus juste pour tous.
On me demande parfois si je suis optimiste en ce qui concerne la riposte au VIH,
parce que les progrès que nous avons accomplis montrent la voie à suivre pour
mettre fin au sida, ou si je suis pessimiste, parce que les restrictions en matière
de ressources et de droits mettent les progrès en péril. La réponse est que je ne
suis ni optimiste ni pessimiste – je suis une activiste, parce que le succès dépend
de la capacité à s’adapter au moment présent, à reconnaître l’urgence de l’instant
présent.
Nous pouvons mettre fin au sida, mais seulement si les dirigeants choisissent la
bonne voie dès maintenant. Nous, les citoyennes et citoyens, veillerons à ce qu’ils
le fassent.