L’année 2025 est marquée par une réalité préoccupante : la riposte mondiale au VIH se fragilise, et avec elle les progrès obtenus depuis plus de vingt ans.
Selon l’ONU et l’ONUSIDA, la baisse ou l’interruption des financements internationaux pourrait entraîner jusqu’à 6 millions de nouvelles infections et plus de 4 millions de décès supplémentaires entre 2025 et 2029.
En France également, la riposte au VIH est affectée par un recul des financements publics et par des projets de réformes susceptibles d’affaiblir les droits des personnes vulnérables, notamment à travers les débats récents autour de l’Aide Médicale d’État (AME), de la Couverture Maladie Universelle (CMU) ou des conditions d’accès aux soins des personnes migrantes.

Ces incertitudes fragilisent l’ensemble du champ de la santé sexuelle : elles pèsent sur les acteurs associatifs et communautaires qui mènent, au quotidien, des actions de dépistage, de prévention, d’accompagnement social, ainsi que sur les professionnels de santé déjà sous forte pression.
Le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) rappelle que ces restrictions, si elles se concrétisent, risquent de réduire l’accès à la prévention, d’augmenter les diagnostics tardifs et d’aggraver les vulnérabilités sociales, en particulier dans les territoires ultramarins toujours fortement impactés par l’épidémie VIH et où les inégalités et les barrières d’accès aux soins sont déjà plus marquées.
Les reculs de droits ne sont pas théoriques : ils ont un impact immédiat sur le terrain, sur les corps, sur les parcours, et sur la capacité collective à tenir les objectifs de santé publique.

Chaque 1er décembre nous rappelle une évidence : la lutte contre le VIH est bien plus qu’un combat sanitaire. C’est un miroir de notre société, de nos choix politiques, de nos solidarités, de notre rapport aux plus vulnérables.
L’an dernier déjà, nous pointions une dérive inquiétante : la tentation d’oublier. En 2025, cette tentation grandit : le VIH quitte les priorités, les financements se contractent, les droits se fragilisent, les discours anti-science progressent. Pourtant, jamais nous n’avons été aussi proches, scientifiquement, d’un monde où l’épidémie pourrait réellement s’éteindre. Les innovations biomédicales et nouvelles stratégies aussi bien dans le champ
thérapeutique (thérapies à longue durée d’action) que dans celui de la prévention combinée (TROD, “Mon test IST” (dépistage VIH et IST sans ordonnance), accès gratuits aux préservatifs en pharmacie, PrEP orale en schéma simplifié pour toutes et tous, et prochainement sous forme injectable...) ont ouvert une ère nouvelle. Mais rien de cela n’a de sens si les personnes au cœur de ces progrès n’y ont pas accès.
Nous traversons une tempête. Et comme le rappelait récemment Michel Kazatchkine, "les gouvernements peuvent se succéder, mais le droit à la santé est immuable". Cette phrase résonne particulièrement dans un contexte de restrictions budgétaires, de tensions géopolitiques, et de fragilisation du tissu associatif, ici dans nos territoires, et partout ailleurs.

La lutte évolue, mais elle n’est pas terminée. Elle exige de la constance, du courage et une longue mémoire. Elle exige que nous continuions à affirmer haut et fort :
→ Indétectable = Intransmissible
→ Les vies comptent
→ Personne ne doit être invisible
→ La santé n’est pas négociable.
À l’heure où l’incertitude s’installe, notre devoir est clair : “Tenir bon, rester ambitieux, et continuer à marcher vers un horizon où plus aucune vie ne sera brisée par un virus que nous savons combattre.”

CoReSS Guadeloupe St Martin St Barthélemy