Journée mondiale de lutte contre le sida : le dépistage reste indispensable pour lutter contre le VIH

Les données de surveillance du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes en France publiées ce jour montrent une hausse des recours au dépistage en 2021 par rapport à 2020, mais un niveau encore inférieur pour le VIH au niveau observé avant l’épidémie de COVID-19. Afin de lutter contre les discriminations liées à la séropositivité au VIH et ainsi lever les principaux freins au dépistage, Santé publique France rediffuse sa campagne « Vivre avec le VIH, c’est d’abord vivre » sur l’efficacité des traitements contre le VIH permettant aux personnes séropositives de vivre en bonne santé et de ne pas transmettre le virus à leurs partenaires.


Santé publique France produit chaque année, à l’occasion de la « Journée mondiale de lutte contre le sida », des données actualisées sur l’infection par le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes en France. Ces données reposent sur différents systèmes de surveillance auxquels participent biologistes et cliniciens, sur une base obligatoire ou volontaire, ou sont issues du système national des données de santé (SNDS) géré par l’assurance maladie.
Depuis la pandémie à SARS-CoV-2, la participation des professionnels de santé aux différents systèmes de surveillance a baissé, notamment concernant le dépistage du VIH et les diagnostics d’infection à VIH. Les données des années 2020 et 2021 s’en trouvent fragilisées et leur interprétation doit rester prudente.

POINTS CLÉS


Infection par le VIH
• En 2021, 5,7 millions de sérologies VIH ont été réalisées par les laboratoires de biologie médicale. L’activité de dépistage du VIH, qui avait diminué de 13% entre 2019 et 2020 en lien avec l’épidémie de Covid-19, a ré-augmenté en 2021 (+8% par rapport à 2020), sans toutefois retrouver le niveau de 2019.
• Le nombre de découvertes de séropositivité VIH en 2021 a été estimé à 5 013 [IC95% : 4 530-5 497], nombre stable par rapport à 2020. Cette stabilité fait suite à une forte diminution entre 2019 et 2020 (-22%), expliquée en partie par la diminution de l’activité de dépistage, mais possiblement aussi par une moindre exposition au VIH liée aux mesures de distanciation sociale et par une baisse des flux migratoires
notamment en provenance d’Afrique subsaharienne.
• Parmi les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2021, 51% sont des hétérosexuel.le.s (36% né.e.s à l’étranger et 15% né.e.s en France), 44% sont des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) (32% nés en France et 12% nés à l’étranger), 2% des personnes trans contaminées par rapports sexuels et 1% des usagers de drogues injectables (UDI). Moins de 1% sont des enfants de moins de 15 ans, principalement contaminés par transmission materno-foetale.
• La stabilité du nombre de découvertes de séropositivité en 2021 est observée quel que soit le mode de contamination et le lieu de naissance (France vs à l’étranger) des personnes diagnostiquées.
• En 2021, 29% des infections à VIH ont été découvertes à un stade avancé de l’infection, proportion qui ne diminue pas depuis plusieurs années. Ceci constitue une perte de chance en terme de prise en charge individuelle, et un risque de transmission du VIH aux partenaires avant la mise sous traitement antirétroviral.

Infection à Chlamydia trachomatis
• En 2021, 2,3 millions de personnes ont bénéficié au moins une fois d’un dépistage remboursé d’une infection à Chlamydia trachomatis (Ct), soit un taux de dépistage de 42 pour 1 000 habitants. Après une diminution en 2020, le taux de dépistage a ré-augmenté en 2021 pour atteindre un niveau supérieur à celui de 2019 (+9%). Plus des deux tiers des personnes testées étaient des femmes (70%).
• Le nombre de diagnostics d’infection à Ct en laboratoires privés a également ré-augmenté en 2021, de 9% par rapport à 2019.
• La majorité des patients diagnostiqués en médecine générale en 2021 étaient des femmes (55%) tandis qu’en CeGIDD (Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic), il s’agissait en majorité d’hommes (60%). Par contre, quel que soit le lieu de diagnostic, la très grande majorité des patients avaient été contaminés par rapports hétérosexuels (pour environ 80% d’entre eux).
• Parmi les échantillons anorectaux positifs à Ct analysés en 2021 par le Centre national de référence (CNR) des IST bactériennes, la prévalence de la lymphogranulomatose vénérienne (LGV) était de 17%, en augmentation par rapport à 2020 (13%).

Infection à gonocoque
• En 2021, 2,7 millions de personnes ont bénéficié au moins une fois d’un dépistage remboursé d’une infection à gonocoque, soit un taux de dépistage de 49 pour 1 000 habitants. Après une diminution en 2020, le taux de dépistage a ré-augmenté en 2021 pour atteindre un niveau supérieur à celui de 2019 (+6%). Les trois-quarts des personnes testées étaient des femmes.
• Depuis 2016, le nombre de diagnostics d’infection à gonocoque augmente en CeGIDD, de façon plus marquée chez les hommes.
• Les HSH représentent la majorité des cas (70% en CeGIDD et 53% en médecine générale).

Syphilis
• En 2021, 2,8 millions de personnes ont bénéficié au moins une fois d’un dépistage remboursé de la syphilis, soit une taux de 51 pour 1 000 habitants. Après une diminution en 2020, le taux de dépistage a ré-augmenté en 2021 pour atteindre un niveau légèrement supérieur à celui de 2019 (+3%). Les deux tiers des personnes testées étaient des femmes.
• Le nombre de diagnostics de syphilis en CeGIDD est relativement stable depuis 2016.
• Les HSH représentent la majorité des cas (78% en CeGIDD et 73% en médecine générale).

Dans un contexte d’augmentation continue de l’activité de dépistage du VIH et des IST bactériennes jusqu’en 2019, une baisse avait été observée en 2020, liée à l’épidémie de Covid-19. En 2021, une ré-augmentation a été observée pour l’ensemble de ces dépistages, permettant de retrouver le niveau de 2019 pour les IST bactériennes, mais restant encore inférieur au niveau de 2019 pour le VIH. Il est donc important de
remobiliser les professionnels de santé et les populations clés sur l’importance du dépistage combiné pour ces IST. Un dépistage précoce des personnes et de leurs partenaires, suivi d’une mise sous traitement rapide, est indispensable pour interrompre les chaines de transmission.
Par ailleurs, suite à la forte baisse de l’exhaustivité des données de surveillance des dernières années, celle-ci doit absolument être améliorée, afin de pouvoir disposer d’indicateurs robustes au niveau national et territorial, indispensables au suivi de la stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030.

Retrouvez le bulletin complet en cliquant ICI et en version pdf ci-dessous.


Prévention et dépistage du VIH et des infections sexuellement transmissibles
(Journée mondiale de lutte contre le sida, 1er décembre)
// HIV and sexually transmitted infections prevention and screening
(World AIDS Day, December 1)

Retrouvez le bulletin épidémiologique complet en cliquant ICI et en version pdf ci-dessous.