Prise en charge des accidents d’exposition sexuelle au CHU de Guadeloupe entre 2018 et 2024 : bilan du parcours de soins réorganisé autour du CeGIDD

RESUME
CONTEXTE et OBJECTIFS :
Les accidents d’exposition sexuelle (AEVsex) nécessitent une prise en charge rapide et adaptée
pour limiter le risque de transmission du VIH. L’accessibilité au traitement post exposition (TPE)
au mieux dans les 4h, au plus tard dans les 48 heures est un défi organisationnel majeur. La
réorganisation du parcours de soins en Guadeloupe des AEVsex en juillet 2021, avec le transfert
de la prise en charge du SMIT vers le CeGIDD en journée, visait à améliorer l’accès au
traitement, mais aussi à la prévention en santé sexuelle, rôle majeur du CeGIDD. Cette étude a
pour objectif d’évaluer l’impact de cette réorganisation, notamment en termes d’accessibilité, de
délais de prise en charge et de suivi des personnes ayant consulté pour AEVsex dans le territoire
de la Grande-Terre en Guadeloupe.
MÉTHODES :
Une étude rétrospective a été menée en comparant deux périodes : avant et après la
réorganisation du parcours de soins. Les données ont été extraites du logiciel Nadis®,
permettant d’analyser l’évolution des caractéristiques des patients, des délais d’initiation du
traitement post-exposition (TPE) et du suivi à distance.
RESULTATS :
L’analyse montre une augmentation du nombre de consultations pour AEVsex après la
réorganisation, avec une forte hausse des consultations spontanées (68 % à 88 %, p = 0.002).
Le délai médian d’initiation du TPE s’est allongé (12 h à 16 h, p = 0,009), avec une baisse des
initiations précoces (< 4 h) et une hausse des prises en charge tardives (> 24 h). Lorsque la prise
en charge initiale se faisait au SAU du CHUG, seul 40% des AEVsex étaient correctement
orientés, et plus de la moitié était perdus de vue. Les consultations de suivi post-exposition
restaient limitées à un tiers des AEVsex. Une évolution du profil des AEVsex avait été observée,
avec une augmentation de la proportion de femmes et une diminution des patients HSH. La
population migrante restait très minoritaire (8 %).
CONCLUSION :
La réorganisation du parcours de soins a été satisfaisante d’un point de vue quantitatif, avec une
augmentation du nombre d’AEVsex pris en charge. Cependant, plusieurs défis persistent,
notamment une réorientation insuffisante depuis les urgences et un suivi post-exposition limité,
en partie en raison d’une saisie des données perfectible. Une meilleure sensibilisation sur
l’urgence du TPE est essentielle, car son efficacité est étroitement liée à la rapidité d’initiation.
Ces résultats soulignent la nécessité d’une meilleure information des professionnels de santé et
des populations clés, ainsi qu’un renforcement du suivi des patients après leur exposition.

Félicitations au Dr Maxime MARQUET, médecin au sein du CeGIDD du CHUG depuis plusieurs années maintenant.

Bilan d’une année d’activité du CeGIDD de Basse-Terre dans le domaine des IST : forces, faiblesses et perspectives

Résumé
Introduction :
Les IST représentent un problème de santé publique mondial. La Guadeloupe est une
région particulièrement touchée où l’incidence des différentes IST reste élevée malgré les
activités importantes de dépistage. Les CeGIDD de Guadeloupe, dont celui de Basse-
Terre jouent un rôle fondamental dans la prévention, le dépistage et le traitement de ces
IST. L’objectif de cette étude est de décrire l’activité en lien avec les IST en 2023 au
CeGIDD de Basse-Terre afin d’évaluer les forces et faiblesses du dispositif et les
améliorations potentielles.
Matériels et méthodes :
Une étude épidémiologique observationnelle a été menée à partir des données de Nadis®,
un logiciel national de recueil et d’exploitation des données médicales. Toutes les
consultations effectuées entre le 1e janvier 2023 et le 31 décembre 2023 au CeGIDD de
Basse-Terre ont été analysées dans cette étude.
Résultats :
1829 consultations de 801 patients différents ont eu lieu dont 777 consultations pour un
dépistage d’IST. L’âge médian des patients était de 26 ans et la répartition hommes-
femmes est équitable. Des manifestations cliniques évocatrices d’IST ont été rapportées
par 70 patients, représentant 3,8 % des passages au CeGIDD et 9,0% des consultations de
dépistage. Ont été réalisés, 632 dépistages VIH (0 positif), 372 dépistages VHB (3
positifs), 349 dépistages VHC (0 positif), 497 dépistages syphilis (10 positifs), 568
dépistages gonocoques (28 positifs) et 573 dépistages chlamydia (98 positifs).
Discussion :
La population consultant au CeGIDD de Basse-Terre est plutôt jeune, avec une
répartition équilibrée en termes de genre. Les populations vulnérables sont sous
représentées et des actions hors les murs dirigées vers ces dernières doivent être
multipliées. Les protocoles de prélèvement, bien que déjà améliorés, mériteraient d’être
revus après une étude médico-économique des coûts induits. Un protocole de recherche
en collaboration avec le CNR pour l’étude des souches locales résistances aux
antibiotiques serait utile.

Félicitations au Dr Benjamin BARTHELEMI pour son travail autour de l’activité du CeGIDD de Basse-Terre