Semaine de la vaccination : les forces et les faiblesses de la vaccination en France aujourd’hui
Aude Lecrubier - AUTEURS ET DÉCLARATIONS 23 avril 2024 France — Alors qu’a débuté la semaine européenne de la vaccination, le Baromètre Santé 2023 de Santé Publique France est porteur de bonnes nouvelles : plus de 8 personnes sur 10 interrogées en France hexagonale déclarent être favorables à la vaccination en général, avec une tendance à la hausse de la proportion de personnes « très favorables » à la vaccination par rapport à 2022. En outre, chez le nourrisson, il est observé des progressions importantes pour les vaccinations nouvellement recommandées contre le méningocoque B et le rotavirus.
La couverture vaccinale doit cependant encore s’améliorer pour lutter contre certaines infections, comme les infections à papillomavirus humains, la grippe, la rougeole ou encore le Covid-19 chez les personnes à risque.
En France, la semaine de la vaccination, coordonnée par SPF et le ministère chargé de la santé et pilotée en région par les ARS, a pour but de promouvoir la vaccination. L’augmentation des couvertures vaccinales et la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé étant des priorités, le thème retenu par le ministère de la santé pour cette édition 2024 est celui de « l’aller vers ». Les différents acteurs participants (association, PMI, médecins…) devront donc réaliser des démarches proactives pour cibler des publics non-demandeurs. Vaccination antigrippale : peut mieux faire
Concernant la vaccination contre la grippe chez les adultes, SPF révèle que la vaccination antigrippale est en diminution : elle s’élève à 54% chez les 65 ans et plus lors de la saison 2023-2024, soit une baisse de 2,2 points par rapport à la saison précédente. Elle atteint seulement 25% chez les moins de 65 ans à risque de forme grave de grippe, soit une baisse de 6,2 points par rapport à 2022-2023.
Du côté des enfants, l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) rapporte les résultats d’une enquête qui montrent que seulement 20% des parents sont au courant de la préconisation de la HAS de vacciner les enfants et que plus de la moitié des parents interrogés perçoivent la grippe comme une maladie peu sérieuse chez les enfants.
« De plus, bien que 70% des médecins soient favorables à la vaccination antigrippale, une majorité de parents n’a reçu aucune information. Cette information est rarement proposée aux enfants ne présentant pas de facteurs de risque. Parmi les enfants à risque, souffrant de maladies chroniques, seulement 50% ont été vaccinés cette année », soulignent les pédiatres.
« Tant les parents que les professionnels de santé s’accordent sur le fait que le vaccin administré par voie nasale pourrait favoriser l’adhésion à cette mesure préventive cruciale. Il est impératif d’améliorer la communication », préconise l’AFPA. Vaccination contre le Covid-19 insuffisante
D’après SPF, la couverture vaccinale contre la Covid-19 est de 30% chez les 65 ans et plus. Elle reste donc insuffisante chez les personnes présentant des facteurs de risque.
SPF rappelle que la campagne de renouvellement vaccinal pour les personnes les plus fragiles est lancée depuis le 15 avril 2024 et que « faire une injection au cours du printemps permet d’être protégé pendant la période estivale, notamment durant les Jeux olympiques et paralympiques au cours desquels un afflux important de population est attendu ». Recrudescence de la rougeole et des infections invasives à méningocoques
En France, le bilan épidémiologique 2023 indique une multiplication par huit du nombre de cas de rougeole en 2023 par rapport à 2022 et met en lumière l’existence de poches d’individus réceptifs au virus, notamment parmi les adolescents et les jeunes adultes. La majorité des cas de rougeole en France étaient liés à des voyageurs de retour d’une zone endémique. A l’aube des Jeux olympiques et paralympiques 2024, « il est particulièrement nécessaire à l’occasion de la semaine européenne de la vaccination de renforcer le rattrapage vaccinal de tous les enfants, adolescents et jeunes adultes nés après 1980 qui n’auraient pas reçu un schéma vaccinal complet à deux doses, protection requise pour éviter la propagation de cette maladie infectieuse très contagieuse », insiste SPF.
SPF indique aussi que les dernières données épidémiologiques montrent une augmentation de l’incidence des infections à méningocoque en particulier de sérogroupes W et Y en France. Ces données ont contribué à la révision par la Haute autorité de santé (HAS) de la stratégie vaccinale contre ces infections transmissibles graves. Vaccination contre les HPV : toujours à la traine
De son côté, la Ligue contre le cancer a rappelé qu’alors que l’OMS préconise une couverture vaccinale à 90 % contre les infections à papillomavirus humains, elle n’est, en France, que de 41,5 % pour les filles âgées de 16 ans et de 8,5 % pour les garçons, en 2022. « Contrairement à d’autres pays tels que la Suède ou l’Australie, la couverture vaccinale en France reste donc insuffisante », souligne-t-elle.
La vaccination contre les HPV représente pourtant « une opportunité cruciale pour prévenir les cancers associés à ces virus et améliorer la santé publique à long terme », a souligné Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer. S’informer, communiquer
SPF rappelle que le site de référence Vaccination-info-service.fr permet d’accéder à des informations factuelles, pratiques et scientifiquement validées sur la vaccination aux différents âges de la vie, sur une maladie, sur la vaccination en général ou une vaccination particulière.
Aussi, depuis 2022, le carnet de vaccination électronique est inclus dans l’espace numérique en santé « Mon espace santé ». Il permet aux professionnels de santé comme aux usagers de renseigner les vaccinations réalisées et de connaitre les prochaines vaccinations prévues selon l’âge. LIENS
– Recrudescence des infections invasives à streptocoque du groupe A
– Vaccin COVID-19 : rappel de printemps depuis le 15 avril
– Infections invasives à méningocoques : pourquoi la HAS devait revoir la stratégie contre les sérogroupes ACWY et B
– Pourquoi vacciner les 2-17 ans sans comorbidités contre la grippe
– Recommandations HAS – Zona : un nouveau vaccin et de nouvelles recommandations
|