La journée mondiale contre l’hépatite a lieu le 28 juillet 2024

La date du 28 juillet a été retenue car elle correspond à celle de la naissance du lauréat du Prix Nobel, le Dr Baruch Blumberg, qui a découvert le virus de l’hépatite B et mis au point un test et un vaccin contre ce virus.

Cette Journée est l’occasion d’intensifier tous les efforts locaux, nationaux et internationaux de lutte contre ces maladies, contre la stigmatisation des personnes vivant avec une hépatite virale, d’encourager les personnes concernées, les acteurs de santé, les chercheurs sans oublier le grand public :
• À l’échelle individuelle :
Informez-vous ! Faites-vous dépister ! Faites-vous vacciner ! Si vous vivez avec une hépatite virale chronique, restez dans le suivi et le soin !

• Concernant les politiques de santé publiques :
Dans le monde : les actions concrètes doivent être renforcées dans certains pays comme en France. Elles doivent être prises dès maintenant dans d’autres pays pour atteindre l’objectif mondiale de l’élimination d’ici à 2030.
En France : notre pays peut améliorer le dépistage et la prévention. La principale lacune à combler à l’échelle mondiale concerne la faible couverture du dépistage et du traitement.

L’OMS tire la sonnette d’alarme sur l’hépatite virale qui tue 3 500 personnes chaque jour (9 avril 2024 - Communiqué de presse)


Selon le rapport 2024 de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) consacré à l’hépatite (en anglais) dans le monde (Global hepatitis report 2024), le nombre de décès imputables à l’hépatite virale est en augmentation. Cette maladie est la deuxième cause de décès dû à une maladie infectieuse dans le monde, avec 1,3 million de décès par an, soit autant que la tuberculose, autre maladie infectieuse.
Publié à l’occasion du Sommet mondial sur l’hépatite, ce rapport indique qu’en dépit de l’amélioration des outils de diagnostic et des traitements, ainsi que de la baisse des prix des produits, les taux de dépistage et de traitement n’évoluent guère. Toutefois, si des mesures rapides sont prises dès à présent, l’objectif d’élimination fixé par l’OMS pour 2030 devrait rester réalisable.
Il ressort des données nouvelles communiquées à l’OMS par 187 pays que le nombre estimé de décès dus à l’hépatite virale a progressé, passant de 1,1 million en 2019 à 1,3 million en 2022 : 83 % pour l’hépatite B et 17 % pour l’hépatite C. Chaque jour, l’hépatite B ou C tue 3 500 personnes dans le monde.
« Ce rapport peint un tableau inquiétant : malgré les progrès réalisés au niveau mondial dans la prévention de l’hépatite, le nombre de décès augmente parce que trop peu de personnes reçoivent un diagnostic et bénéficient d’un traitement, déclare le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. L’Organisation s’est engagée à aider les pays à utiliser tous les outils à leur disposition - aux prix d’accès - pour sauver des vies et inverser la tendance. »
Selon les estimations actualisées de l’OMS, en 2022, 254 millions de personnes étaient atteintes d’une hépatite B et 50 millions d’une hépatite C. La moitié de la charge de l’hépatite B et de l’hépatite C chroniques concerne des personnes âgées de 30 à 54 ans, et 12 % des enfants de moins de 18 ans. Les hommes représentent 58 % des cas.
D’après de nouvelles estimations, l’incidence de l’hépatite virale est en léger recul par rapport à 2019, mais elle reste globalement élevée. En 2022, on a dénombré 2,2 millions de nouvelles infections, contre 2,5 millions en 2019.
Le virus de l’hépatite B est responsable de 1,2 million de nouvelles infections et celui de l’hépatite C de près d’un million. On dénombre plus de 6 000 nouveaux cas par jour.
Les estimations révisées sont tirées de données améliorées provenant d’enquêtes nationales sur la prévalence. Elles montrent en outre que les mesures de prévention telles que la vaccination et les injections sans risque sanitaire, ainsi que l’élargissement du traitement contre l’hépatite C, contribuent à faire reculer l’incidence de la maladie.

Progrès et lacunes du diagnostic et du traitement à l’échelle mondiale
Toutes régions confondues, à la fin de l’année 2022, seulement 13 % des personnes vivant avec une hépatite B chronique avaient reçu un diagnostic et environ 3 % (7 millions) bénéficiaient d’un traitement antiviral. En ce qui concerne l’hépatite C, les chiffres sont respectivement de 36 % et 20 % (12,5 millions).
Ces résultats sont bien en-deçà des objectifs mondiaux, à savoir traiter 80 % des personnes vivant avec une hépatite B ou une hépatite C chroniques d’ici à 2030. Cependant, ils indiquent une amélioration faible mais continue du dépistage et des traitements depuis les dernières estimations communiquées en 2019. Plus précisément, pour l’hépatite B, le dépistage a progressé pour passer de 10 % à 13 % et le traitement de 2 % à 3 %, et pour l’hépatite C, les chiffres correspondants sont de 21 % à 36 % pour le dépistage et de 13 % à 20 % pour le traitement.
La charge de l’hépatite virale varie d’une région à l’autre. La Région africaine de l’OMS concentre 63 % des nouveaux cas d’infection par l’hépatite B. Or, seuls 18 % des nouveau-nés de la Région sont vaccinés à la naissance contre l’hépatite B. Dans la Région du Pacifique occidental, qui enregistre 47 % des décès dus à l’hépatite B, la couverture thérapeutique s’élève à 23 % des personnes diagnostiquées, ce qui est beaucoup trop faible pour faire reculer la mortalité.
Le Bangladesh, la Chine, l’Éthiopie, la Fédération de Russie, l’Inde, l’Indonésie, le Nigéria, le Pakistan, les Philippines et le Viet Nam, supportent collectivement près des deux tiers de la charge mondiale des hépatites B et C. Pour permettre à la riposte mondiale de redresser la barre afin d’atteindre les objectifs de développement durable, il est essentiel de parvenir d’ici à 2025 à un accès universel à la prévention, au diagnostic et au traitement dans ces dix pays, parallèlement à l’intensification des efforts dans la Région africaine.

Disparités en termes de prix et de prestation de services
Même s’il existe des médicaments génériques financièrement abordables contre l’hépatite virale, de nombreux pays ne parviennent pas à les acheter à des prix bas.
Les disparités de prix persistent à la fois entre les différentes Régions de l’OMS et au sein de celles-ci, de nombreux pays payant un prix supérieur au niveau de référence mondial, même pour des médicaments qui sont passés dans le domaine public ou qui font l’objet d’accords de licence volontaires. Par exemple, bien que le ténofovir pour le traitement de l’hépatite B ne soit plus protégé par un brevet et qu’il soit disponible à un prix de référence mondial de 2,4 dollars par mois, seuls 7 des 26 pays ayant communiqué des données payent un prix égal ou inférieur à cette somme.
De même, un traitement de 12 semaines contre l’hépatite C par antiviraux pangénotypiques (association de sofosbuvir et de daclatasvir) est disponible à un prix de référence mondial de 60 dollars, mais seuls 4 des 24 pays ayant communiqué des données payent un prix égal ou inférieur à cette somme.
La prestation de services reste centralisée et verticale, et, dans bien des cas, les services liés à l’hépatite virale sont encore à la charge des populations touchées.
Seuls 60 % des pays ayant communiqué des données proposent des services de dépistage et de traitement de l’hépatite virale entièrement ou partiellement gratuits dans le secteur public. La protection financière est plus faible dans la Région africaine, où seulement un tiers de ces pays fournissent ces services gratuitement.

Recommandations en vue d’accélérer l’élimination de l’hépatite
Le rapport présente une série de mesures visant à promouvoir une approche de santé publique face à l’hépatite virale, qui permettrait d’accélérer les progrès en vue de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030. Il s’agit notamment des mesures suivantes :
• élargir l’accès aux tests de dépistage et aux moyens de diagnostic
• passer des stratégies à la mise en œuvre pour un traitement équitable
• renforcer les mesures de prévention prises au niveau des soins primaires
• simplifier la prestation de services, optimiser la réglementation et l’approvisionnement en produits
• élaborer des argumentaires d’investissement dans les pays prioritaires
• mobiliser des financements innovants
• utiliser des données améliorées pour agir
• mobiliser les communautés touchées et la société civile et faire progresser la recherche afin d’améliorer les produits de diagnostic et les traitements potentiels contre l’hépatite B.

Le financement reste problématique
Le financement de la lutte contre l’hépatite virale, que ce soit au niveau mondial ou dans le cadre des budgets nationaux consacrés à la santé, n’est pas suffisant pour répondre aux besoins. Cette situation résulte d’une combinaison de facteurs, notamment une connaissance limitée des interventions et des outils permettant de réaliser des économies, ainsi que de priorités concurrentes dans les programmes de santé mondiaux. Ce rapport vise à mettre en lumière les stratégies permettant aux pays de remédier à ces inégalités et d’accéder aux outils à des prix les plus abordables possibles.