Le COREVIH Guadeloupe St Martin St Barth soutient et appuie plusieurs appels nationaux.

Pour en finir avec le sida : 10 choix politiques – L’appel des actrices et des acteurs de la lutte contre le sida et les hépatites




A l’occasion des élections présidentielle et législatives, 54 associations nationales et territoriales (dont 6 sociétés savantes et réseaux professionnels), 19 COREVIHs et 17 chercheurs et chercheuses sont les premiers signataire d’un appel national indiquant les 10 choix politiques à faire pour en finir avec le sida en France.
Cet appel a été conçu pour affirmer que la fin du sida passe par des mesures politiques (dans le sens noble du terme) et sociétales fortes. Il a donc pour objet de proposer des actions qui nous semblent nécessaires pour en finir avec le sida en 2030 – objectif de la Stratégie Nationale de Santé Sexuelle.
Il fait suite à l’Appel de Grenoble (renommé : Pour en finir avec le sida : 10 Choix Politiques – l’Appel des actrices et des acteurs de la lutte contre le VIH et les hépatites) qui a été remis au ministre de la santé lors de la clôture du COngrès de la SFLS, le premier octobre 2021.
L’appel continue d’être soumis à signatures de chercheur.euse.s ainsi que d’organisations associatives souhaitant rejoindre le mouvement. Vous pouvez envoyer un mail à enfiniraveclesida chez gmail.com

TRIBUNE parue dans Le Monde le 25 avril 2022


Alors qu’il y a encore en France près de deux cent mille personnes séropositives, des chercheurs, des médecins, des infirmiers et des responsables d’associations, parmi lesquels Karine Lacombe, Camille Spire et Gilles Pialoux, soulignent, dans une tribune au « Monde », que l’objectif de « 2030 sans sida » reste possible, à condition d’y mettre les moyens.

Le quinquennat à venir sera décisif pour mettre fin à l’épidémie de VIH/sida et atteindre l’objectif fixé par votre dernier gouvernement : 2030 sans sida. Nous, militants-es, chercheurs-euses, médecins, infirmièrs-es, psychologues, travailleurs-ses sociaux-ales et cliniciens-nes de la lutte contre le VIH/sida vous exhortons à proposer une politique à la hauteur de l’enjeu que vous vous êtes fixé, et à appliquer les dix mesures politiques indispensables pour parvenir à cet objectif. Car un objectif ne signifie rien si l’on ne se donne pas les moyens de sa réalisation.

Répétons-le aussi fort qu’il le faudra : l’épidémie de VIH/sida n’est pas finie. En France, près de 200 000 personnes sont séropositives. Parmi elles, 24 000 l’ignorent. Un chiffre qui augmentera probablement après plus deux ans de crise sanitaire qui ont entraîné une baisse de 14% du recours au dépistage et qui ont représenté un frein dans l’implémentation de la Prep, traitement préventif qui permet de se protéger du VIH.
Plus de 6 000 nouvelles infections par le VIH ont été découvertes en France en 2019, touchant le plus souvent des personnes discriminées par les conditions sociales dans lesquelles elles vivent ou stigmatisées par le regard que la société pose sur elles : personnes en situation d’exil, personnes trans, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, consommateurs-rices de produits psychoactifs, travailleurs-ses du sexe, ou encore personnes détenus-es.

« Monsieur Macron, vous pourriez devenir le président de la fin du sida, mais il faut agir dès maintenant »->https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/28/monsieur-macron-vous-pourriez-devenir-le-president-de-la-fin-du-sida-mais-il-faut-agir-des-maintenant_6123997_3232.html]

Votre ambition a jusqu’ici été insuffisante. Ces cinq dernières années, vous êtes même trop souvent allé à l’encontre de l’objectif que nous partageons. Vous avez mis en place un durcissement des conditions d’arrivée et d’accueil des personnes migrantes. Vous avez contribué à limiter l’accès à l’hôpital public aux plus démunis, en plus de n’avoir su préserver ses acteur-rices. Vous avez aussi exclu la société civile des prises de décision en santé, en particulier lors de la crise de la Covid-19.

Nous disposons de huit courtes années jusqu’en 2030 pour rectifier le tir, préserver les populations face à ce virus et stopper une épidémie qui continue, chaque année, à coûter des milliers de vies à travers le monde. Monsieur Macron, vous pourriez devenir le Président de la fin du sida. Pour cela, il faut agir dès maintenant.

Huit ans, c’est court. Mais c’est possible à condition que vous nous donniez les moyens. Aujourd’hui, tous les outils pour mettre fin à l’épidémie existent. Contribuez, avec nous, à les faire connaître et adoptez les stratégies de prévention qui permettront de mettre fin à l’épidémie. Financez la recherche clinique et interventionnelle. En bref, travaillez avec nous sur les 10 mesures que nous vous avons transmises en avril 2022.

Mettez la santé au centre des politiques publiques. Adoptez une politique de protection sociale et d’emploi qui profite à tous-tes, tout au long de l’existence. Assurez un accès universel à la santé et aux soins. Accueillez dignement les personnes fuyant les persécutions ou la misère. Favorisez l’équité territoriale et un environnement salubre. Assurez l’éducation pour tous-tes dès le plus jeune âge, y compris dans la santé sexuelle et dans l’accès au numérique. Développez des programmes de recherche multidisciplinaires incluant les populations concernées dès leur conception. Promouvez la santé en tant que bien public et renforcez la lutte contre le VIH au niveau mondial. Travaillez avec et pour les populations concernées, y compris les plus pauvres et les plus discriminées. Défendez les droits de chacun-e, refusez la discrimination et la stigmatisation.

Rappelez-vous que ce sont ces discriminations et stigmatisations, qu’elles soient sociales, ethniques, religieuses, liées à l’orientation sexuelle ou au genre, qui freinent l’accès aux soins et font aujourd’hui le jeu de l’épidémie. Il vous faudra, comme nous le faisons depuis des décennies, lutter concrètement contre ces inégalités, à la fois causes et conséquences de l’infection par le VIH.
Cette lutte passera nécessairement par un renforcement des droits humains et la protection de toutes les populations exposées à un risque de contamination. Ces points ont cruellement manqué lors du dernier quinquennat. Ces manquements nous obligent aujourd’hui à une vigilance particulière.

Nos yeux sont rivés sur vos choix et sur la main que vous devez nous tendre dès aujourd’hui. L’Etat ne nous a jusqu’ici que trop peu soutenu dans nos batailles. Pour éviter les nouvelles contaminations et accompagner les personnes porteuses du VIH, luttons ensemble. Faites valoir le pragmatisme dont vous êtes si fier : écoutez-nous. Donnez du crédit aux personnes concernées, car qui peut se prétendre mieux placé qu’elles pour identifier leurs propres besoins ?

Nous saurons nous faire entendre et ne lâcherons rien dans la défense des valeurs qui nous animent : le refus des discriminations et stigmatisations, les droits des populations, une politique de santé et des droits sociaux qui profitent à tous-tes.

Appel de Marseille


À l’occasion de la 11e conférence internationale francophone Afravih 2022, les organisateurs-rices de cet événement et Coalition PLUS se sont associés pour lancer un Appel aux politiques et à la communauté internationale. Il a pour objectif que soient mobilisés « tous les moyens nécessaires pour faire de la santé sexuelle un droit universel distinct de la santé reproductive ». Pour les initiateurs-rices de cet appel, le texte vise à affirmer que « le déploiement d’une offre de santé sexuelle doit être appuyé politiquement et soutenu financièrement car elle est le pilier d’un meilleur accès aux soins pour toutes et tous, en particulier à travers le système de santé communautaire ».


Nous, personnes vivant avec le VIH et acteur·ice·s de la lutte contre le VIH/sida et les hépatites, réuni·e·s à Marseille du 6 au 9 avril 2022 à l’occasion de la 11e édition de la Conférence internationale francophone VIH / Hépatites / Santé sexuelle / Infections émergentes AFRAVIH 2022, appelons la communauté internationale à :

1. reconnaître l’importance de la santé sexuelle ;
2. mettre en place les moyens nécessaires pour que chacun.e puisse bénéficier de son droit à « un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en relation avec la sexualité » ;
3. promouvoir des actions visant des changements structurels sociétaux, notamment par l’éducation aux sexualités pour toutes et tous, de manière ni jugeante ni stigmatisante mais dans le respect des identités de chacun.e ;
4. amplifier l’OSS (Offre en Santé Sexuelle) dédiée aux populations clés de l’épidémie à VIH, souvent les plus éloignées du système de santé classique ; cette offre doit inclure soins et prévention et être délivrée dans un environnement sécurisant.

Pour que cela devienne une réalité, nous demandons :
1. aux responsables politiques de tous les pays de :

- créer un environnement favorable au déploiement de l’OSS à travers le système de santé communautaire, en complément du système classique ;

- promouvoir l’accès au plus grand nombre - y compris dans le système communautaire via la gestion par les pairs - aux outils et matériels de prévention les plus récents et innovants tels que la PrEP ;

- intégrer ces outils innovants dans les cadres stratégiques nationaux en santé ;

- faciliter l’accès sécurisant des populations clés aux soins à travers un contexte légal non criminalisant et non discriminant.

2. aux personnels de santé et aux États d’apporter leur soutien au principe de la délégation des tâches pour résoudre les difficultés de mise en place de l’OSS. Car, en dépit des timides avancées politiques, les obstacles à la mise en pratique de la démédicalisation sont encore trop nombreux et retardent l’accès à la prévention et aux soins des populations clés. La démarche communautaire doit donc s’envisager comme un pilier de la réponse à un meilleur accès aux soins -au plus près de leurs besoins- des personnes les plus exclues et éloignées des services de santé.

3. aux bailleurs internationaux, comme Unitaid, le Fonds Mondial et PEPFAR, de financer plus d’interventions de santé sexuelle inclusives telles que l’offre de prévention de la santé anale (que ce soit la prévention du HPV ou du cancer anal). Cette offre, trop peu existante dans le cadre des soins, mène actuellement à une prise en charge défaillante et souvent tardive.

4. aux ministères de la Santé de reconnaître le rôle clé des acteurs-rices communautaires notamment les pairs éducateurs-rices et autres médiateurs-rices de santé dans la mise en œuvre de l’OSS.

5. Enfin, nous appelons à reconnaître l’Offre en Santé Sexuelle comme une offre globale de services, distincte de la santé reproductive et inscrite dans la démarche communautaire.

CETTE PRISE EN CONSIDÉRATION DE LA SANTÉ SEXUELLE SE BASE SUR LE RESPECT DES DROITS HUMAINS ET LES BESOINS HOLISTIQUES DES POPULATIONS CLÉS.

APPEL DE MARSEILLE, UNE INITIATIVE DE :
AFRAVIH & COALITION PLUS