Sur la piste des muqueuses…
02 MARS 2011
Des chercheurs français associant l’Université Paris Descartes, le CNRS et l’Inserm au sein de l’Institut Cochin, en collaboration avec la société Mymetics et avec le soutien de l’ANRS, ont développé un candidat-vaccin contre la transmission du VIH chez des macaques femelles

Composition du vaccin

Le vaccin est composé du vecteur vaccinal, le virosome, formé de la membrane d’un virus de la grippe et de ses protéines de surface sur lequel ont été greffés les antigènes du VIH.

Originalité du candidat vaccin

Les pistes de recherche classiques pour produire un vaccin protégeant du VIH ont pour objectif d’engendrer la production d’anticorps sanguins ou de cellules tueuses contre le VIH. L’originalité du candidat-vaccin est d’induire la production d’anticorps au niveau des muqueuses. Celles-ci, aux premiers rangs lors de l’infection, seraient alors capables de prévenir très tôt la contamination par le VIH, avant la multiplication du virus et sa dissémination dans le sang.

les résultats préliminaires

Certaines femmes ayant des rapports non protégés avec des personnes séropositives ne sont pas contaminées. Des études datant de 1997 ont retrouvé chez elles la présence d’anticorps muqueux dirigés contre une partie spécifique du virus, des protéines de surface. Les recherches ont ciblé la protéine transmembranaire Gp41. Les chercheurs ont utilisé un vecteur déjà employé depuis dix ans dans la conception de vaccins pour l’hépatite A et la grippe. Grâce à sa surface lipidique mimant la surface du virus, ce vecteur permet aux antigènes de Gp41 d’adopter une structure similaire. Cela favorise l’induction d’anticorps neutralisants lors de la vaccination. Cinq femelles macaques ont été vaccinées avec cette méthode, par voie intramusculaire et par voie nasale. Puis elles ont été exposées de façon répétée (13 fois) au VIH par inoculation vaginale. Les cinq animaux ont été protégés du développement de l’infection et sont restés séronégatifs. Des anticorps puissants ont bloqué le VIH au niveau de la muqueuse par divers mécanismes, sans avoir besoin d’anticorps neutralisants sanguins.

Des essais à poursuivre

De nombreuses études seront nécessaires car le vaccin n’a été testé que sur des singes femelles. Il faut l’étudier chez des mâles et évaluer son efficacité dans d’autres voies d’infection sexuelles (rectale, oro-génitale). Un essai de phase I, destiné à évaluer l’innocuité du vaccin et non son efficacité, est en cours sur une trentaine de femmes.

Immunization with HIV-1 gp41 Subunit Virosomes Induces Mucosal Antibodies Protecting Nonhuman Primates against Vaginal SHIV Challenges, M Bomsel and al. Immunity 34, 1–12, February 25, 2011.