La Semaine européenne de la vaccination (SEV) a été créée en 2005 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle se déroule aujourd’hui dans près de 200 pays dans le monde. En 2024, elle se déroulera du 22 au 28 avril.

Semaine de la vaccination : les forces et les faiblesses de la vaccination en France aujourd’hui


Aude Lecrubier - AUTEURS ET DÉCLARATIONS 23 avril 2024

France — Alors qu’a débuté la semaine européenne de la vaccination, le Baromètre Santé 2023 de Santé Publique France est porteur de bonnes nouvelles : plus de 8 personnes sur 10 interrogées en France hexagonale déclarent être favorables à la vaccination en général, avec une tendance à la hausse de la proportion de personnes « très favorables » à la vaccination par rapport à 2022. En outre, chez le nourrisson, il est observé des progressions importantes pour les vaccinations nouvellement recommandées contre le méningocoque B et le rotavirus.
La couverture vaccinale doit cependant encore s’améliorer pour lutter contre certaines infections, comme les infections à papillomavirus humains, la grippe, la rougeole ou encore le Covid-19 chez les personnes à risque.
En France, la semaine de la vaccination, coordonnée par SPF et le ministère chargé de la santé et pilotée en région par les ARS, a pour but de promouvoir la vaccination. L’augmentation des couvertures vaccinales et la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé étant des priorités, le thème retenu par le ministère de la santé pour cette édition 2024 est celui de « l’aller vers ». Les différents acteurs participants (association, PMI, médecins…) devront donc réaliser des démarches proactives pour cibler des publics non-demandeurs.

Vaccination antigrippale : peut mieux faire
Concernant la vaccination contre la grippe chez les adultes, SPF révèle que la vaccination antigrippale est en diminution : elle s’élève à 54% chez les 65 ans et plus lors de la saison 2023-2024, soit une baisse de 2,2 points par rapport à la saison précédente. Elle atteint seulement 25% chez les moins de 65 ans à risque de forme grave de grippe, soit une baisse de 6,2 points par rapport à 2022-2023.
Du côté des enfants, l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) rapporte les résultats d’une enquête qui montrent que seulement 20% des parents sont au courant de la préconisation de la HAS de vacciner les enfants et que plus de la moitié des parents interrogés perçoivent la grippe comme une maladie peu sérieuse chez les enfants.
« De plus, bien que 70% des médecins soient favorables à la vaccination antigrippale, une majorité de parents n’a reçu aucune information. Cette information est rarement proposée aux enfants ne présentant pas de facteurs de risque. Parmi les enfants à risque, souffrant de maladies chroniques, seulement 50% ont été vaccinés cette année », soulignent les pédiatres.
« Tant les parents que les professionnels de santé s’accordent sur le fait que le vaccin administré par voie nasale pourrait favoriser l’adhésion à cette mesure préventive cruciale. Il est impératif d’améliorer la communication », préconise l’AFPA.

Vaccination contre le Covid-19 insuffisante
D’après SPF, la couverture vaccinale contre la Covid-19 est de 30% chez les 65 ans et plus. Elle reste donc insuffisante chez les personnes présentant des facteurs de risque.
SPF rappelle que la campagne de renouvellement vaccinal pour les personnes les plus fragiles est lancée depuis le 15 avril 2024 et que « faire une injection au cours du printemps permet d’être protégé pendant la période estivale, notamment durant les Jeux olympiques et paralympiques au cours desquels un afflux important de population est attendu ».

Recrudescence de la rougeole et des infections invasives à méningocoques
En France, le bilan épidémiologique 2023 indique une multiplication par huit du nombre de cas de rougeole en 2023 par rapport à 2022 et met en lumière l’existence de poches d’individus réceptifs au virus, notamment parmi les adolescents et les jeunes adultes. La majorité des cas de rougeole en France étaient liés à des voyageurs de retour d’une zone endémique. A l’aube des Jeux olympiques et paralympiques 2024, « il est particulièrement nécessaire à l’occasion de la semaine européenne de la vaccination de renforcer le rattrapage vaccinal de tous les enfants, adolescents et jeunes adultes nés après 1980 qui n’auraient pas reçu un schéma vaccinal complet à deux doses, protection requise pour éviter la propagation de cette maladie infectieuse très contagieuse », insiste SPF.
SPF indique aussi que les dernières données épidémiologiques montrent une augmentation de l’incidence des infections à méningocoque en particulier de sérogroupes W et Y en France. Ces données ont contribué à la révision par la Haute autorité de santé (HAS) de la stratégie vaccinale contre ces infections transmissibles graves.

Vaccination contre les HPV : toujours à la traine
De son côté, la Ligue contre le cancer a rappelé qu’alors que l’OMS préconise une couverture vaccinale à 90 % contre les infections à papillomavirus humains, elle n’est, en France, que de 41,5 % pour les filles âgées de 16 ans et de 8,5 % pour les garçons, en 2022. « Contrairement à d’autres pays tels que la Suède ou l’Australie, la couverture vaccinale en France reste donc insuffisante », souligne-t-elle.
La vaccination contre les HPV représente pourtant « une opportunité cruciale pour prévenir les cancers associés à ces virus et améliorer la santé publique à long terme », a souligné Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer.

S’informer, communiquer
SPF rappelle que le site de référence Vaccination-info-service.fr permet d’accéder à des informations factuelles, pratiques et scientifiquement validées sur la vaccination aux différents âges de la vie, sur une maladie, sur la vaccination en général ou une vaccination particulière.
Aussi, depuis 2022, le carnet de vaccination électronique est inclus dans l’espace numérique en santé « Mon espace santé ». Il permet aux professionnels de santé comme aux usagers de renseigner les vaccinations réalisées et de connaitre les prochaines vaccinations prévues selon l’âge.

LIENS

- Recrudescence des infections invasives à streptocoque du groupe A

- Vaccin COVID-19 : rappel de printemps depuis le 15 avril

- Infections invasives à méningocoques : pourquoi la HAS devait revoir la stratégie contre les sérogroupes ACWY et B

- Pourquoi vacciner les 2-17 ans sans comorbidités contre la grippe

- Recommandations HAS – Zona : un nouveau vaccin et de nouvelles recommandations

Vaccination aux Antilles. Bilan de la couverture vaccinale en 2023.

"- En Guadeloupe, 31,5 % des jeunes filles et 6,8 % des garçons de 15 ans ont initié leur schéma vaccinal contre les papillomavirus. Elles/ils sont 21,9 % des filles et 6,3 % des garçons de 15 ans à avoir initié leur schéma vaccinal contre les papillomavirus en Martinique. La couverture vaccinale contre les HPV a légèrement progressé en 2023 avec des gains de 5 points chez les jeunes filles en Guadeloupe et de 4,3 points en Martinique et une couverture qui a plus que doublé chez les garçons par rapport à 2022, bien qu’elle reste en-deça de 7%. La couverture contre les HPV reste encore loin des objectifs de 80 % de la stratégie décennale de lutte contre les cancers à l’horizon 2030.
- A l’issue de la première phase de la campagne de vaccination contre les papillomavirus (HPV) au collège, au 31 décembre 2023, il est estimé qu’environ 26 % des filles et 14 % des garçons âgés de 12 ans en Guadeloupe et qu’environ 18 % des filles et 12 % des garçons âgés de 12 ans en Martinique (nés en 2011, majoritairement scolarisés en classe de 5e) ont reçu au moins une dose de vaccin contre les HPV. Ces estimations prennent en compte les vaccinations réalisées au collège et en ville. En Guadeloupe, des augmentations de la couverture vaccinale de 8 points chez les filles et 5 points chez les garçons et en Martinique de 7 points chez les filles et de 6 points chez les garçons ont été observées entre le début et la fin de la première phase de la campagne, sans pouvoir préciser à ce stade les gains directement attribuables à la campagne."

Où en est la recherche vaccinale contre le VIH ?


Allison Shelley Actualités Médicales par Medscape 29 mars 2024
Lorsque le monde a eu besoin d’un vaccin contre le Covid-19, les principaux chercheurs sur le VIH ont répondu à l’appel pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Aujourd’hui, les efforts pour découvrir le premier vaccin contre le VIH sont relancés.
« Le corps est capable de produire des anticorps pour nous protéger du VIH », a rappelé la Dre Yunda Huang, du Fred Hutchinson Cancer Center (Seattle, États-Unis), qui s’est entretenue avec notre consœur de Medscape.com avant son intervention lors de la réunion annuelle de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) 2024.
La Dre Huang a évoqué les pistes de recherche pour obtenir une protection par anticorps neutralisants après que la dernière tentative de développement d’une génération de vaccins contre le VIH se soit soldée par une déception.
Les deux dernières décennies ont été marquées par l’augmentation du nombre d’anticorps largement neutralisants contre le VIH, avec des stratégies vaccinales visant à les induire. Les approches germinales, l’ARNm et les technologies des nanoparticules constituent des avancées prometteuses.
L’essai de vaccin PrEP testant deux régimes de prévention expérimentaux en Afrique a, cependant, été interrompu après que les scientifiques ont déclaré qu’il y avait « peu ou pas de chances » que l’essai montre que les vaccins soient efficaces.
Nous pourrions à tout moment tomber sur quelque chose qui changerait tout.

Garder espoir et apprendre des échecs et des succès…
Le problème avec le VIH est son jeu de cache-cache. Lorsque les patients sont capables de produire des anticorps contre le virus, il mute pour leur échapper.
Cependant, la Dre Huang et d’autres chercheurs sont optimistes et pensent qu’un vaccin efficace est encore possible.
« Nous ne pouvons pas perdre l’espoir que le monde disposera d’un vaccin efficace contre le VIH, accessible à tous ceux qui en ont besoin, où qu’ils soient », a déclaré Birgit Poniatowski, directrice exécutive de la Société internationale du sida (IAS), dans un communiqué publié en décembre, au moment où l’essai vaccin PReP a été interrompu.
Avec de nouvelles personnes infectées chaque jour dans le monde, la Dre Huang dit qu’elle ressent un sentiment d’urgence à aider. « Je pense à toutes les personnes dans le monde et au grand nombre de jeunes filles qui subissent des préjudices et je sais que notre grand réservoir de talents peut intervenir pour changer ce que nous voyons se produire. »
Selon la Dre Huang, les échecs des essais cliniques observés jusqu’à présent contribueront à orienter les prochaines étapes de la recherche sur le VIH, au même titre que les succès.
Quels progrès ?
Avec des avancées significatives dans la science des nanoparticules de protéines PNPs (qui permettent de transporter plusieurs antigènes et/ou adjuvant), la technologie de l’ARNm, le développement d’adjuvants et l’analyse des lymphocytes B et des anticorps, une nouvelle vague d’essais cliniques est en route.
Face à tant de nouvelles approches, le réseau d’essais de vaccins contre le VIH (HIV Vaccine Trials Network) réorganise son mode de fonctionnement pour naviguer dans un domaine en plein essor et identifier les schémas les plus prometteurs.
Un nouveau programme de médecine de découverte aidera le réseau à évaluer les nouveaux vaccins candidats. Il s’efforcera également d’en écarter d’autres plus tôt.
Pour le Covid-19 et la grippe, les nanoparticules multimériques constituent une alternative importante qui est à l’étude et qui pourrait également être adaptée au VIH.
La Dre Huang se dit particulièrement enthousiaste à l’idée de suivre les progrès des cocktails de monoclonaux combinés. « Je travaille dans ce domaine depuis 20 ans et l’on pense à tort qu’avec la prophylaxie préexposition, notre travail est terminé, mais le problème du VIH est loin d’être résolu. »
On ne sait jamais, souligne-t-elle. Avec les nouvelles recherches, « nous pourrions à tout moment tomber sur quelque chose qui changerait tout »