Le traitement de l’hépatite C a beaucoup évolué depuis ces dernières années avec l’apparition de nouvelles molécules très efficaces et aux effets secondaires considérablement réduits. Article écrit par le Dr Dr Moana Gelu-Simeon
Service d’hépato-Gastroentérologie au CHU de Pointe-à-Pitre GUADELOUPE.

Avant 2012,

le traitement de l’hépatite C consistait en une bithérapie associant Peg-Interféron et Ribavirine, dont l’efficacité dépendait du génotype du virus de l’hépatite C (VHC) (génotypes 2 et 3 plus faciles à traiter que 1 ou 4) mais aussi de l’état d’avancement de la maladie. La durée de ce traitement aux effets secondaires importants variait entre 6 mois 18 mois. Les taux de guérison variaient de 90% pour les génotypes 2 ou 3, à 45% pour les génotypes 1 ou 4, avec des taux inférieurs chez les patients aux stades avancés de la maladie (patients cirrhotiques et/ou avec des co-morbidités telles que la co-infection VIH, la consommation d’alcool, le diabète...).

Depuis 2012,

une nouvelle classe thérapeutique est apparue dans le traitement de l’hépatite C chronique : les anti-protéases (bocéprevir, télaprévir) appartenant à la classe des anti-viraux d’action directe (DAA).
Les patients atteints d’une hépatite avec un type de virus VHC plus difficile à traiter de génotype 1, cirrhotiques et non-répondeurs à la bithérapie classique par Peg-Interféron et Ribavirine ont pu bénéficier de l’autorisation temporaire d’utilisation (ATU) pour ces antiprotéases. Ils prenaient alors une association de 3 médicaments ou trithérapie.

Plus récemment en 2014,

ont été commercialisés les nouveaux DAA (les anti-protéases mais aussi, les anti-NS5A et anti-NS5B).
Ainsi le sofosbuvir (sovaldi ®) associé au daclatasvir (daklinza ®) ou siméprévir (olysio ®), ont été prescrits en autorisation temporaire d’utilisation (ATU) puis en autorisation de mise sur le marché (AMM), essentiellement pour les patients à un stade avancé de la maladie (présentant une fibrose F3 ou F4, cicatrice d’une inflammation persistante liée à la présence du VHC dans le foie).

Le coût élevé de ces nouveaux traitements a retardé leur prescription qui reste très encadrée.

Ces prescriptions ont été établies avec un certain retard en Guadeloupe par rapport à la France métropolitaine (mai 2014) compte tenu de la non disponibilité immédiate des molécules localement, pour des raisons budgétaires. A ce jour, une quarantaine de patients ont pu être traités en Guadeloupe et les résultats sont en cours d’évaluation. Toutefois, l’impression globale est une excellente réponse à ces nouvelles associations, avoisinant les 100%, avec de surcroit une tolérance particulièrement bonne, surtout lorsque celle-ci est comparée à celle de l’Interféron. La durée du traitement est également réduite à 3 ou 6 mois selon le génotype du VHC ou les antécédents de réponse aux traitements antérieurs.
Les dernières molécules à avoir obtenu l’AMM dans le traitement de l’hépatite C, toujours à un stade avancé de la maladie, sont le lédipasvir, le paritaprévir, l’ombitasvir et le ritonavir.

Se posent maintenant plusieurs problèmes aux hépatologues, d’une part le souci de respecter scrupuleusement les AMM, et d’autre part faire bénéficier ces DAA au plus grand nombre de patients.
A la demande de la CPAM, les prescriptions de ces molécules très couteuses sont très encadrées avec la mise en place de réunions de concertation pluridisciplinaires avec des centres experts désignés.

Les hépatologues et infectiologues habilités à prescrire ces DAA ne peuvent pas à l’heure actuelle répondre aux patients à un stade peu avancé de la maladie (fibrose <F2) bien que tous espèrent une évolution progressive des pratiques si les laboratoires pharmaceutiques consentent à une baisse des prix.

Ainsi, on peut, si les couts des traitements sont revus à la baisse, imaginer une éradication du VHC dans les années à venir et par la suite du cancer du foie lié au VHC.

Dr Moana Gelu-Simeon
Service d’hépato-Gatroentérologie
CHU de Pointe-à-Pitre